Mise en bouche d'un dîner à Hakone |
Je ne sais plus avec qui, mais dans une conversation
récente, on m'a affirmé qu'il était autorisé et même apprécié de...
excusez-moi... péter un bon coup à la fin du repas au Japon. Une bonne vieille
légende culturelle que j'entends régulièrement.
Les voyages au Japon sont devenus beaucoup plus courants
aujourd'hui, et on me demande souvent quelques conseils de coutumes et politesse
à respecter au Japon. La notion de respect, ainsi que les codes de politesse étant
infiniment complexes, on pourrait y consacrer un livre entier. Même plusieurs.
Il suffit de faire un tour dans le rayon "politesse et étiquette"
d'une librairie au Japon pour se rendre compte de l'étendue d'un sujet
difficile à maîtriser pour la plupart des Japonais.
Mais pas d'inquiétude inutile. Si vous partez pour un séjour
touristique, quelques règles de survie, à commencer par celles à table,
devraient vous permettre de passer pour un "gaijin" (un étranger)
bien comme il faut.
C'est parti pour le petit manuel des bonnes manières à table
en plusieurs épisodes.
Hagama maintenu au chaud, chaudron à l'ancienne pour cuire le riz |
Episode #1 / Itadakimasu
La formule "itadakimasu" prononcée en début de
repas peut se traduire par "je reçois". Il n'y a pas de manière de souhaiter
un "bon appétit" aux autres invités de la table.
La signification profonde de cette formule est tout à fait
spirituelle. En la prononçant, on remercie humblement tout ceux qui ont
participé à l'existence de ce repas. La personne qui a préparé le repas, mais
aussi de manière plus abstraite, à l'agriculteur qui a cultivé ces produits et la nature qui y a donné
naissance. Certains joignent les deux mains en même temps, mais ce n'est pas
indispensable. Une petite inclinaison de la tête est suffisante.
En rouge: geste et parole. En bleu: parole. En orange: geste. En vert: aucun des 2. |
Pour l'anecdote, ma famille au Japon ne joint pas les mains.
Il semble que la pratique de ce geste connaisse de grandes disparités régionales.
Au niveau national, 64% de la population joint le geste à la parole, alors
qu'environ 30% se contente de prononcer le mot. Certaines régions comme la
préfecture d'Hiroshima dépassent les 90% de pratiquants du geste, alors que
d'autres préfectures comme Iwate sont au contraire à 75% du
"itadakimasu" uniquement. Des différences significatives dont les
Japonais doivent difficilement s'expliquer...
La source de l'enquête se trouve ici. Mais tout est en japonais.
Puisqu'il ne s'agit pas de s'adresser aux autres pour
commencer le repas, on peut également prononcer un "itadakimasu"
lorsqu'on est seul à table. J'y vois personnellement, le signe d'une spiritualité
très ancrée dans la vie des Japonais, y compris dans leur quotidien. Un certain
parallèle pourrait être fait avec le bénédicité chrétien, à la différence que c'est
une formule de respect dépourvue de notion religieuse, que l'on adresse
également à soi-même, avant de commencer un repas. La méthode japonaise pour
"manger en pleine conscience".
"Itadakimasu" n'est pas que réservé à la table. On
peut aussi s'en servir lorsqu'on réceptionne un cadeau.
Le verbe "itadaku" signifie en effet, recevoir,
accepter. Sans rentrer dans les détails, c'est la formule polie, teintée de
gratitude, de "recevoir".
Prochain épisode: on trinque à la japonaise!
Petit vote pour un deuxième épisode ^^
RépondreSupprimeroui, c'est vrai que trinquer à la japonaise, c'est essentiel! ;-)
Supprimer