J'ai revu récemment avec grand plaisir "Slumdog millioniaire"
et bien que le sujet du film n'ait rien à voir avec la cuisine, cela m'a donné
une envie subite de plat indien.
Je n'ai jamais eu envie de visiter l'Inde. Ce que j'en sais
ne m'attire pas beaucoup, excepté la cuisine peut-être. Probablement que ma
seule et unique expérience indienne m'a vaccinée à vie contre tout désir de m'y
rendre.
La seule fois de ma vie où j'ai foulé le sol indien, cela n'aura
duré que quelques heures. C'était il y a bien longtemps, et malheureusement, le
souvenir que j'en ai tient plus du traumatisme que de l'émerveillement.
Je devais avoir 4 ans. Ma mère, hôtesse de l'air à
cette époque, nous emmenait ma soeur et moi, deux fois par an au Japon,
laissant papa à la maison, en embarquant sur des vols de sa compagnie pour
profiter des sièges libres en première classe ou en classe économique. L'aller
vers Tokyo depuis Bruxelles prévoyait une escale à Bombay (Mumbai depuis 1995)
en Inde. Les itinéraires aériens de l'époque étaient en effet longs et
pénibles, les seules routes disponibles étant celle du Sud (escale en Moyen
Orient ou en Asie du Sud ou Sud Est) ou celle du (Pôle) Nord qui passait par
Anchorage en Alaska. Tout cela en raison de la Guerre froide et l'impossibilité
d'emprunter la plus courte des routes en survolant la Russie et la Sibérie. Bref,
je referme ici la parenthèse...
La (très mauvaise) surprise de l'escale à Bombay fut
l'annonce de l'embarquement de la femme du commandant de bord. Les collègues
de ma mère nous demandèrent gentiment de descendre de l'avion car nous étions
"moins prioritaires" que la femme du commandant et que l'avion
était plein à partir de Bombay. Les vaches, ils nous débarquent là, sans
hébergement, sans savoir comment nous allions poursuivre notre voyage jusqu'à Tokyo, sans plan b, sans
aide, ni aucun contact. Autant dire, une catastrophe pour une mère qui voyage
avec deux enfants en bas âge, même si c'est une hôtesse de l'air qui a
l'habitude de bourlinguer.
Voilà donc le souvenir que j'ai de l'Inde: le hall d'arrivée
de l'aéroport de Bombay. Ma mère, en train de remplir les documents
d'immigration. Ma soeur, bébé de moins d'un an, à quatre pattes, en train de
ramper par terre, parmi des gens couchés à même le sol. Mes yeux d'enfant ne se
souviennent que de la saleté, de l'odeur, de la maladie, de la pauvreté et de
la misère.
Alors que ma mère terminait de remplir les documents et se
demandait comment elle allait se sortir de ce très mauvais pas, un membre de la
compagnie aérienne vint nous chercher de toute urgence car un siège de l'avion
s'était libéré. Peu importe que nous fussions trois, ma soeur irait sur les
genoux de ma mère et pour moi, les genoux d'une bonne âme feraient l'affaire.
On embarqua dans une voiture sur le tarmac de l'aéroport. Vite,
vite, car l'avion était en standby, prêt à décoller. Je signale au passage que
nous étions fin décembre et que j'étais partie de Bruxelles avec mon bon gros
manteau d'hiver. Deuxième souvenir-flash: je grimpe dans la voiture et la
portière se referme. Mais le bas de mon manteau reste coincé dans la porte. Je
tire pour essayer de récupérer ce foutu manteau et qu'est-ce que j'ai chaud,
qu'est-ce que je transpire! Ce n'est qu'un détail, mais il devait faire au
moins 35 degrés à Bombay à cette période.
Et l'histoire n'est pas finie... Nous arrivons dans l'avion
bondé. J'avoue ne plus me souvenir des genoux sur lesquels j'ai dû m'asseoir. Alors
que ma mère s'apprêtait à se laisser tomber dans son siège, je la vis blêmir...
"C'est une catastrophe... J'ai oublié le sac avec les affaires de mon bébé
dans le hall de l'aéroport." Les biberons, le lait, la panade et les langes; dans la
précipitation, tout était resté sur un banc de l'aéroport. Ce sac, je le vois
encore: un sac en patchwork de tissus thaïlandais, hyper coloré, impossible de
ne pas le voir ou de l'oublier... Là, j'ai vraiment cru que ma mère allait craquer,
pourtant elle n'a pas pleuré. La suite est un peu plus floue mais une dernière
image-flash m'apparaît: après un aller-retour de Superman entre l'avion sur le
tarmac et le hall de l'aéroport, par je-ne-sais-quel moyen, le steward du vol passa la porte de l'avion, un grand sourire aux lèvres, avec le fameux sac en patchwork à la main.
On dit que les bébés indiens sentent le curry à leur
naissance. Une cuisine si épicée, si puissante qu'elle se retrouve dans le
liquide amniotique de la maman. J'aime bien ce petit fait quasi scientifique,
car quoi de mieux que la cuisine pour voyager avec les papilles et découvrir
les bons côtés de l'Inde. A mille lieues de mon expérience-éclair à Bombay...
Dhal de lentilles et poulet
C'est une recette inspirée de Jamie Oliver (Jamie en 15 minutes) mais
largement simplifiée et peut-être pas très académique.
La recette originale ne contient pas de poulet. Il suffit de ne pas en
mettre pour un plat végétarien.
Pour 4 personnes
1 oignon
1 gousse d'ail
1 morceau de gingembre de 2 cm
1 bouquet de coriandre fraîche
1 cuillère à soupe bombée de garam masala (mélange coriandre, cannelle,
fenugrec, cumin, gingembre, muscade, aneth et fenouil)
150 g de lentilles vertes
2 belles carottes
200 g de filet de cuisse de poulet (je recommande, plutôt que des filets
qui seront trop secs)
400 ml de lait de coco en boîte
Quelques pousses d'épinards (les miennes proviennent du potager, mais la
récolte était un peu maigre)
- Epluchez les carottes et taillez-les en rondelles. Cuisez les lentilles à l'eau bouillante, en même temps que les carottes (une vingtaine de minutes). Egouttez-les.
- Emincez finement l'oignon, l'ail et le gingembre épluchés.
- Dans un wok, faites chauffer une cuillère à soupe d'huile et faites-y revenir l'oignon, l'ail et le gingembre. Ajoutez les épices garam masala et mélangez.
- Coupez le poulet en petits morceaux et ajoutez-les au wok. Faites revenir.
- Lorsque le poulet est cuit et légèrement doré, ajoutez les lentilles égouttées, ainsi que le lait de coco.
- Ajoutez les feuilles d'épinards et laissez mijoter quelques instants à feu doux. Avant de servir, parsemez de quelques feuilles de coriandre hachées. Les haricots de la photo ont été ajoutés en dernier (restes de la veille). ;-)
Chapati
Pour 6 pains environ
50 g de farine blanche
50 g de farine semi-complète
une pincée de sel
8 cl d'eau
- Dans la cuve du robot, versez les farines, le sel et l'eau tiède chauffée légèrement (au micro-ondes par exemple).
- Pétrissez 5 minutes avec le crochet pétrisseur (10 minutes si vous pétrissez à la main). Ajoutez de la farine si la pâte est trop collante, un peu d'eau si elle paraît trop sèche.
- Terminez de pétrir à la main.
- Divisez le pâton en parts égales de la taille d'une balle de golf. Roulez chaque boule sur une planche en bois jusqu'à ce qu'elle devienne bien lisse.
- Aplatissez un peu la boule, puis roulez-la dans la farine. Remettez-la sur la planche et étalez-la à l'aide d'un rouleau, en la tournant régulièrement d'un quart de tour et en essayant de garder une forme bien ronde et d'obtenir une crêpe bien fine.
- Faites chauffer une poêle à feu moyen. Lorsqu'elle est bien chaude, placez-y un chapati pendant 10 secondes, puis retournez-le pour 10 autres secondes. Cuisez tous les pains de cette manière et réservez-les.
- Chauffez la poêle à feu fort. Passez les chapatis une seconde fois à la cuisson, pendant quelques instants, un par un, jusqu'à ce qu'ils gonflent comme un ballon.
- Pour le tour de main, j'ai regardé cette vidéo de 750 Grammes.
Miam miam ça donne faim ! J'espère que ce repas t'aura donné envie de retourner en Inde, malgré ta mauvaise expérience ... C'est un si beau pays, qui mérite d'être découvert, avec ses habitants si chaleureux et qui, malgré leur misère extrême, ont le sourire ! En tous cas ça m'a donné envie de faire un dhal pour ce soir ! Merci !
RépondreSupprimerQui sait! La cuisine est un bon moyen de faire un premier pas!
Supprimercette assiette me plait beaucoup je dois dire
RépondreSupprimerSuper que ça te plaise!
SupprimerMerci pour cette histoire familiale émouvante et cette recette à tomber !!
RépondreSupprimerTrès heureuse d'avoir pu vous émouvoir avec mes souvenirs d'enfance!
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