Zôni, bouillon du nouvel an 雑煮

Ça sent un peu le réchauffé de vous parler du Nouvel An mais les fêtes sont passées si vite, qu’à peine le temps de s’en remettre et il est déjà temps de penser à la Chandeleur.
Je voulais juste encore marquer le coup du début de l’année et vous raconter la tradition du zôni　雑煮　au Japon: incontournable du premier janvier, littéralement «bouillon d’un peu de tout», cette soupe existe sous autant de variantes qu’il y a de régions ou même de traditions familiales. C’est un bouillon de dashi avec ou sans miso, un légume, un peu de viande ou poisson et surtout un mochi (gâteau de riz gluant). Et c’est ici que cela devient carrément glauque mais en même temps fascinant car, chaque année, la presse japonaise publie le bilan des victimes, mortes étouffées par un mochi trop vite avalé. Cette année: cinq victimes, dont une en milieu carcéral. Si, si, en prison aussi, le zôni est au menu de la gamelle du premier janvier. Toutes les victimes avaient plus de 65 ans et étaient des hommes. Ma mère et moi, nous nous livrons chaque année à notre petite analyse : des hommes parce qu’ils sont plus goulafes et ont tendance à se goinfrer. Plus de 65 ans, parce qu’à cet âge-là, les dents pour mastiquer, ce n’est plus ça, puis on s’emmêle les pinceaux avec les tuyaux pour avaler. A moins que… cela ne soit qu’une question générationnelle: n’y a-t-il plus que des vieux qui mangent le zôni?
La Japonaise Koto Okubo, doyenne de l’humanité est décédée aujourd’hui, à l’âge de 115 ans. Elle passe ainsi le relais à son compatriote Jiroemon Kimura, 115 ans également. Comme quoi, rien ne vaut un zôni, potage de longévité, mâché et avalé sereinement, pour de bonnes et heureuses années !